Pourquoi j'ai créé Wide Open World

Notre planète va mal. Nos économies aussi. Le système économique qui régit nos transactions quotidiennes est quasiment sans faille, à l'exception d'un défaut majeur : il reste en collision frontale avec la nature et la société.

La polycrise actuelle – dérèglement climatique, effondrement de la biodiversité, épuisement des ressources – découle d’une erreur de perspective : avoir cru possible de dissocier économie et équilibres écologiques. Pendant des siècles, nous avons agi comme si les ressources naturelles étaient infinies, exploitables sans conséquences.

« Le récit traditionnel de la durabilité se contente souvent de "réduire les impacts" tout en perpétuant le business as usual », expliquais-je lors des premières réunions de développement. « Nous célébrons les améliorations marginales de l’efficacité tandis que la nature disparaît à un rythme accéléré. » La contradiction est flagrante : nous parlons de réduction des impacts tout en intensifiant la production. Production et expansion se poursuivent au détriment des écosystèmes les plus fragiles.

Cette illusion s'est avérée catastrophique. Pourtant, reconnaître les limites planétaires reste controversé dans certains milieux économiques – preuve témoignant de l'enracinement profond de notre paradigme de la croissance à tout prix.

Malgré des décennies d'initiatives en faveur du développement durable, nous continuons de perdre des forêts, des zones humides, des prairies et des écosystèmes marins à un rythme sans précédent. Notre situation est impitoyable. Nous ne pouvons pas continuer à nous approprier la nature au rythme actuel et espérer des résultats différents.

Après deux années de recherches intensives sur les modèles économiques durables et les sciences de la Terre, notamment le cadre des limites planétaires, et de nombreuses rencontres avec des écologistes et des agriculteurs, le déclic s'est produit. Ce qui en est ressorti n'était pas une simple marque de mode plébiscitée par le développement durable, mais un modèle de ce que l'entreprise aurait dû être dès le départ : un nouveau standard pour l’entreprise du XXIᵉ siècle.

Wide Open World est la première preuve concrète qu’une mode luxe absolument durable n’est pas seulement possible – elle est impérative.

Notre approche ne mise pas sur des améliorations progressives, mais sur une refonte radicale. En nous approvisionnant en laine mérinos superfine auprès d'une ferme tasmanienne engagée dans la préservation de la biodiversité et en collaborant avec des organisations à but non lucratif comme la Tasmanian Land Conservancy, nous avons posé les bases d'une chaîne d'approvisionnement véritablement régénératrice qui régule sa production, où chaque étape préserve l’équilibre naturel.

« Protéger ce qui devrait rester dans nos écosystèmes n’est pas simplement une stratégie de durabilité parmi tant d’autres, cela devrait être la seule solution possible », ai-je fait remarquer lors d’une présentation donnée par Natropy, un spin-off du projet Wide Open World dont l’objectif est de partager les connaissances et de conseiller d’autres acteurs du monde des affaires sur les stratégies de durabilité absolue.

Pour parvenir à cette protection, il est nécessaire de faire évoluer notre conception du commerce lui-même. L'avenir du commerce sur Terre doit intégrer des principes de gestion responsable, les mêmes qui fondent la pensée autochtone à travers les continents et les millénaires : maintenir la nature à son point d'équilibre. Prendre X, donner Y. Toujours.

Ce n'est pas révolutionnaire, c'est réparateur. Cela reconnecte les entreprises à la sagesse qui a soutenu les sociétés humaines bien plus longtemps que notre expérience industrielle actuelle. Cela réconcilie l'économie avec le monde naturel. Plus important encore, au-delà du lien spirituel que l'homme ressent avec la nature, cette logique est désormais étayée par des décennies de science. Les recherches scientifiques les plus récentes nous informent, avec un niveau de confiance raisonnable, sur les ratios sûrs entre X et Y. On ne peut plus les ignorer de manière responsable.

Le voyage de nos matières se poursuit dans les ateliers d'artisans italiens, où des générations de savoir-faire transforment des fibres haut de gamme en tricots intemporels. Ce mariage entre respect de l'environnement et savoir-faire artisanal méticuleux incarne notre vision du luxe au XXIe siècle.

Notre engagement va au-delà des pratiques conventionnelles. Nous investissons directement dans la protection et la restauration des écosystèmes locaux, préservant ainsi l'équilibre écologique et établissant un précédent en matière de développement durable pour les entreprises, bien au-delà des simples compensations carbone ou des améliorations d'efficacité.

« Le secteur du luxe a une responsabilité et une opportunité particulières dans cette transformation », ai-je souvent réfléchi. « En tant que créatrices d'objets de désir et créatrices de culture, les marques de luxe ont une influence disproportionnée. En démontrant que les produits de la plus haute qualité naissent de modèles économiques qui protègent la nature plutôt que de l'épuiser, nous catalysons le changement bien au-delà de notre empreinte directe. »

Wide Open World est à la fois une maison de couture de luxe, un projet de recherche et un groupe de réflexion. Nous allions recherche scientifique, sciences de la terre et pratiques commerciales innovantes, leur permettant de s'épanouir à travers nos produits et de démontrer ce qui est possible.

Nos collections présentent des vêtements fabriqués à partir de la meilleure laine mérinos, biodégradable et exempte de produits chimiques toxiques, chaque pièce incarnant l'équilibre entre l'activité économique et la préservation écologique qui constitue le cœur de notre philosophie.

Dans une industrie souvent entachée par le greenwashing, nous nous sommes engagés à une transparence radicale, en exposant chaque détail de notre chaîne d'approvisionnement pour nous tenir responsables et établir une nouvelle norme pour l'industrie de la mode.