Depuis des décennies, la durabilité s'est résumée à réduire les nuisances : réduire les émissions, minimiser les déchets et utiliser moins de ressources par unité produite. Pourtant, cette approche privilégiant l'efficacité a conduit à un paradoxe inconfortable : les industries n'ont jamais été aussi efficaces, et pourtant les pressions environnementales n'ont jamais été aussi fortes. La réalité inquiétante est que privilégier la seule efficacité, par exemple en mesurant l'empreinte écologique, conduit souvent à une intensification de la production. Or, ce n'est pas l'avenir que nous souhaitons.
Prenons l'exemple du lac Sorell en Tasmanie, non loin de notre source de laine. La durabilité traditionnelle se concentrerait sur la réduction de la consommation d'eau par unité produite, qu'il s'agisse d'un pull ou d'une bouteille de vin de Tasmanie. Mais pour l'écosystème du lac, qui abrite des espèces uniques au monde, ce qui compte n'est pas l'efficacité par produit, mais la préservation d'une quantité d'eau suffisante pour maintenir l'équilibre écologique.
Le problème n'est pas que l'efficacité n'a pas d'importance, mais que nous répondons à la mauvaise question. Au lieu de nous demander comment réduire l'impact de chaque produit, nous devrions nous demander quel impact nos écosystèmes peuvent réellement supporter.